Les protestants provençaux partis au Refuge

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La Base de données du Refuge huguenot contient des milliers de notices provenant d’un dépouillement systématique de différentes sources concernant le passage et l’installation de protestants français dans les différents pays qui les ont accueillis après la Révocation de l’édit de Nantes en octobre 1685.

J’ai donc jugé utile d’utiliser le moteur de recherche de cette base de données en ne remplissant qu’un seul champ, celui de la province d’origine, en indiquant Provence. Sur ce seul critère de recherche, la base affiche un total de 1631 notices que j’ai passé en revue l’une après l’autre en essayant de retrouver des protestants provençaux que j’avais déjà rencontrés dans mes propres recherches portant sur la période antérieure soumise au régime de l’édit de Nantes.

Malgré les renseignements approximatifs et lapidaires qui avaient été notés dans les registres dépouillés (considérant sans doute la foule des réfugiés qui se pressaient pour obtenir une assistance), j’ai pu identifier un grand nombre de personnes ou de familles.

Une des difficultés principales était que certains patronymes avaient été écrits de manière phonétique (par exemple le nom Appy ne se trouve que sous la forme Appi ou Api) ou à peu près phonétique (Happel).

Une autre difficulté qui m’est apparue lors d’une recherche plus approfondie sur les membres de la famille Appy, c’est que certains étaient localisés (à tort) dans une autre province que la Provence. Donc ils avaient échappé avec d’autres au recensement portant sur les 1631 notices indiquées par le moteur de recherche. On peut également penser que certains qui apparaissent comme originaires de Provence venaient en fait d’une autre province. D’autant que certains patronymes m’étaient totalement inconnus alors que la plupart des autres m’étaient familiers.

Un des intérêts apparus au fil du recensement que j’ai mené était que la plupart des réfugiés avaient plusieurs notices les concernant. De toute évidence, les protestants fugitifs voyageaient en groupe : on le voit au moment des assistances puisqu’ils se présentent l’un après l’autre les mêmes jours, les notices se suivant dans l’ordre du registre.

Ces notices mentionnent souvent et assez précisément leur localité d’origine, mais pas toujours.

Les notices mentionnent les villes où on prêtait aide et assistance aux fugitifs. Cela permet donc de reconstituer leur trajet en tenant compte des dates indiquées. Pour en avoir une idée, voir la page consacrée aux membres de la famille Appy partis au Refuge. En revanche, rien n’indique les étapes de leur voyage pour quitter le royaume : on peut penser que parmi les routes empruntées, il y a d’abord celle traditionnelle de la remontée de la Durance, puis les Alpes à travers la Savoie ; une autre route serait la remontée du Rhône jusqu’à Lyon (ville mentionnée dans une notice) ; la dernière étant l’embarquement sur un bateau à Marseille.

Enfin, les registres de l’assistance reçue à Francfort-sur-le-Main indiquent très souvent la destination finale à laquelle se destinent les voyageurs aidés. J’ai pu faire un relevé pour les protestants provençaux (dont seulement un petit nombre ne sait pas où aller).


Les protestants de Provence partis au Refuge

Bernard APPY

Plus d’un millier de protestants de Provence ont fui au Refuge après la Révocation de l’édit de Nantes en octobre 1685. La base de données du Refuge huguenot mentionne les assistances qu’ils ont reçues durant leur périple.


Localités d’origine et destinations

Bernard APPY

Localités d’origine et destinations des protestants de Provence ayant fui au Refuge.


Les protestants de Provence revenus du Refuge

Bernard APPY

Parmi les protestants de Provence qui ont fui au Refuge après la Révocation, certains d’entre eux finirent par renoncer à ce projet et retournèrent dans leur village d’origine. On les retrouve dans alors les registres paroissiaux catholiques qui montrent s’ils finirent par rentrer dans le rang ou s’ils demeurèrent opiniâtres jusqu’à leur mort.


Fugitifs provençaux à la suite de la Révocation (1691)

N. WEISS

Il s’agit d’un article de N. WEISS, paru dans le Bulletin de la SHPF
(1899 pp. 372-378)