La communauté protestante d’Eyguières sous l’Ancien Régime

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Le premier seigneur d’Eyguières converti à la Réforme est Jean de Sade qui teste le 23 février 1573. Dans ce testament, il lègue 200 écus aux pauvres protestants. Il eut quatre fils : Pierre, Michel, Jean-Baptiste et Joseph.

Pierre de Sade, seigneur d’Eyguières, se marie en 1588 avec Louise de Porcellet, avec laquelle il aura Jean Valentin qui prendra sa suite.

Michel de Sade, sieur de Lagoy (à St-Rémy-de-Provence) et Romanin (aux Baux-de-Provence), est cité dans le partage d’avis des Commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes du 19/05/1662, en tant que Commissaire exécuteur de 1601. Il se marie en mars 1576 avec Honorade de Boche, et il teste en septembre 1627. Dans ce testament, il dit vouloir être enterré en la forme gardée en l’église catholique réformée. Il est le père de trois filles, dont :
– Jeanne de Sade, dame de Romanin, mariée en avril 1609 avec Jean d’Astouaud, le seigneur de Murs ; elle est la marraine de Daniel Cornillon pour son baptême à Lourmarin le 26 octobre 1608.
– Anne de Sade, qui épouse en mai 1613 Balthazard de Gérente, le seigneur de Sénas.

Jean-Baptiste de Sade est tué au siège de La Rochelle de 1573 dirigé par le futur Henri III, roi catholique, contre la ville protestante (4e guerre de Religion).

Joseph de Sade, sieur de Beauchamps (à St-Rémy-de-Provence) est parrain de Joseph, fils du capitaine Pierre Armand, baptisé à Lourmarin le 4 juin 1595. En octobre 1624, il fait un testament solennel dans lequel il demande à être enterré à la façon de la Religion prétendue Réformée et confie ce soin au pasteur d’Eyguières et à Balthazar de Gérente, le seigneur de Sénas

Le seigneur d’Eyguières, Jean Valentin de Sade, épouse en 1617 une protestante, Marie Anne Françoise de Calvière, fille de Guillaume, seigneur de Boucoiran, en Languedoc.

Cette lignée favorisa les protestants d’Eyguières en leur permettant d’établir un temple et un cimetière.

Mais le fils de Jean Valentin de Sade, Guillaume, se fit défenseur de la foi catholique. Il obtint, en 1647, un arrêt du parlement qui interdisait l’exercice du culte réformé à Eyguières sous peine de 1000 livres d’amende.


Notice pour l’Église d’Eyguières, Sénas

Eugène ARNAUD, Histoire des protestants de Provence et du Comtat Venaissin et de la Principauté d’Orange, Paris 1884, réédition Slatkine Reprints 1979, Notices particulières sur les Églises de Provence et leurs annexes au XVIIe siècle, Tome I, pp 408-412


Les registres du notaire Jean Sabatier (1659-1686)

Françoise et Bernard APPY

379 E 256 :
1659-1660 : Une procuration du seigneur d’Eyguières au sujet d’une affaire portée devant la Chambre de l’Édit de Grenoble.
379 E 261 :
1679-1686 : Révocation de l’Édit de Nantes (1685) : les abjurations collectives d’Eyguières (38 individus).


Dénombrement des protestants de Provence (1682)

Selon ce document, il y avait en 1682 à Eyguières 150 familles protestantes (pour 500 familles catholiques).

Voir document


Les registres du notaire Estienne Duplan (1683-1687)

Françoise APPY

379 E 269 :
16683-1687 : Transcription d’abjurations individuelles et autres actes relatifs aux protestants.


Les registres du notaire Pierre Pascal (1684-1685)

Françoise APPY

379 E 286 :1684-1685 : Révocation de l’Édit de Nantes (1685) : les abjurations collectives d’Eyguières (89 personnes).


Abjuration collective des habitants d’Eyguières
(19 octobre 1685 et les jours suivants)

Bernard APPY

Révocation de l’Édit de Nantes (1685) : les abjurations de 132 personnes.


Registres paroissiaux d’Eyguières (1685-1792)

Bernard APPY

Pendant toute la période du Désert, j’ai relevé les actes de baptêmes, mariages et sépultures concernant les descendants de familles protestantes. Force est de constater que la communauté protestante d’Eyguières s’est progressivement délitée après la Révocation de l’édit de Nantes. Dans l’abjuration collective de 1685, on compte 132 personnes. Mais on n’en trouve plus que 20 dans les déclarations consécutives à l’édit de Tolérance de 1787, parmi lesquelles des familles protestantes emblématiques d’Eyguières (comme les Maurice, les Cavaillon, les Péozin, les Cartoyre, les Malpoil, les Rayde…) ne figurent plus, étant parties d’Eyguières ou s’étant ralliées au catholicisme par des mariages qui ne sont plus endogamiques. Notons aussi la persistance de pointer les “nouveaux convertis” dans les actes, comme pour s’en méfier, jusque dans les années 1770…


Déclarations consécutives à l’édit de Tolérance (1788-1789)

Bernard APPY

Tableau : 20 personnes sont concernées dans 5 déclarations faites du 18 février au 7 mars 1789.