L’abjuration collective d’Eyguières

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Les dragons ont séjourné à Eyguières pendant deux jours ; cela est confirmé par un acte notarié  relatif aux frères Malpoil, lesquels remboursent le coût du fourrage des chevaux des quatre compagnies du Maître de Camp Général. Même si cet acte ne mentionne pas les dates du séjour, l’abjuration commençant  le 19 octobre 1685, on peut avancer qu’ils ont séjourné les 18 et 19 octobre.

On compte au total 8 vagues d’abjurations ; néanmoins, l’essentiel des habitants est passé au catholicisme à compter du 19 octobre ; cela représente au total un ensemble de 155 individus. Le dénombrement de 1682, indiquait la présence de 150 familles protestantes. J’ai observé que l’ensemble des abjurants représente  34 familles,  39 individus se présentant isolément. Parmi eux,  11 personnes ne sont pas d’Eyguières, elles viennent de Mérindol, Gordes, Lourmarin et Le Puget. Même en tenant compte des fluctuations entre 1682 et 1685, de l’éventuelle imprécision du comptage, il semblerait qu’une grande partie de la population protestante soit absente de cette abjuration massive. Il n’est pas exclu que certains aient fui à l’arrivée des soldats. La question reste en suspens en l’absence de données plus précises.

L’abjuration se fait dans l’église paroissiale devant le vicaire Noël Petity. Seul Théodore Maurice, malade, abjurera dans sa maison, le 25 octobre. Trois notaires rédigent les actes : Jean Sabatier, Étienne Duplan et Pierre Pascal. Environ 16% des adultes signent.

Parmi les témoins, nous remarquons la présence de Joseph de Sade, le seigneur du lieu, notamment dans les actes du 19. Cela renforce le caractère officiel et solennel de l’acte et laisse comprendre aux protestants qu’ils sont désormais sous surveillance.